Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'interMEDIAire
17 juin 2014

"Du pain et des jeux"

5381362937_416bcea8d2_b

Je m'amuse depuis peu à observer un phénomène nouveau qui consiste à décorer ses rétroviseurs des couleurs nationales.
À 22 jours sans gouvernement, le sourire est aux lèvres, car ce n'est pas ça le plus important au plat pays. Non. Nous avons dépassé ce stade pour se tourner vers un autre, celui d'un terrain de jeu situé à des milliers de kilomètres du pays de la frite. Sans entrer dans la polémique (pourtant très utile et cruciale) sur les expulsions des Brésiliens les plus démunis, afin d'accueillir nos sportifs aux salaires indécents[1]je propose d'attirer un peu votre attention sur ce qui s'est passé ce soir au niveau politique ou plus en arrière, au moment des élections. Pour mon premier article sur ce blog, je lie différentes actualités de la semaine du 25 mai pour conclure sur une idée globale. Celle qui consiste à continuer à fermer nos oeillères, continuer à nous divertir, à vivre dans l'excès et la démesure, avant de voir arriver le mur au bout des rails ; "Du pain et des jeux" [2]

Les élections

Cela fait maintenant un peu plus d'une vingtaine jours que nous sommes sortis des isoloirs. À l'issue de ces élections (européennes, régionales et fédérales), le résultat m'a laissé très inquiet. Pourquoi ? Quand on regarde globalement ce qui s'est passé le 25 mai dernier, nous assistons à un recul général de la gauche francophone de 5% (Additions des résultats du PS, Écolo et PTB)[3], une montée de la droite au nord du pays et un grand gagnant au nord (la NVA, un parti séparatiste). Pour être plus objectif (pour ne pas dire, optimiste), nous pouvons citer les autres gagnants/perdants de cette élection. Oui, le PS est le premier Parti aux niveaux fédéral et régional côté francophone. Oui, l'entrée du PTB est aussi une bonne nouvelle pour la gauche dans son ensemble. Et oui, le Vlaams Belang est déchu. (Mais sans doute au profit de la NVA, sans oublier ce qui s'est passé dans pas mal de pays européens où l'extrême droite et les partis populaires ont été victorieux, si on dézoom encore). Ne passons pas à côté de  la grande surprise de ces élections, que le grand perdant (au sud), est le Parti écologique (Écolo). En fin de compte, la droite dans son ensemble a quelque part gagné ses élections en somme, puisqu'elle progresse au sud et qu'elle a gagné au nord. Nous sommes donc face à une montée générale de la droite libérale (Surtout à une échelle européenne). Sans doute que la gauche et le PS plus particulièrement ont dû endosser le contexte difficile dans lequel il a gouverné, d'où parallèlement, l'arrivée (méritée) du PTB. Alors que paradoxalement, c'était bien le système libéral qui a permis d'engendrer la crise de 2008 ! Mais ne cherchons pas la cause et regardons les solutions. Chez nous, les solutions passent le plus souvent par le "compromis à la belge. Or ce dernier va être compliqué sans gouvernement, tant que les idéologies à la table sont nombreuses et différentes. C'est simple, le gouvernement n'est toujours pas formé.

La coupe, erreurs informatiques, l'extrême droite au niveau européen

Mais ce n'est pas seulement des élections que je voulais vous parler, mais le fait que tout ce que je viens d'expliquer ne devrait pas seulement inquiéter un Belge sur les 11 millions (Je sais bien que je ne suis pas le seul mais c'est pour la forme!). À coup sûr, nous n'allons pas avoir de gouvernement avant 30 jours. Ce qui reste dérisoire à côté des 541 jours que nous avons eu en 2011, ... L'histoire se répétera-t-elle ? En tout cas, les élections belges se sont démarquées par un contexte assez particulier cette fois-ci. Elles ont été fortement bousculées (attentats dans un musée la veille, erreurs informatiques dans le comptage des votesélections européennes[5]). Pourtant, alors que nos sociétés se penchent à droite sur l'échiquier politique et qu'elles votent alors pour un libéralisme à bout de souffle (ce que je tenterai de démontrer à travers mes articles et le plus souvent possible), voilà pas que jusque dans les écoles primaires, le peuple belge agite le drapeau noir-jaune-rouge pour exprimer sa fierté, mieux, son excitation de voir 23 types et un ballon fouler l'herbe Brésilienne. Comment en sommes-nous arrivés là ? 

Bien sûr nous ne pouvons pas revenir avant le 25 mai, le "peuple" a choisi sa confortable situation dans la société de croissance. (Et moi aussi, derrière mon ordinateur, même si j'ai voté contre). Et vous me direz, après tout, à chaque année de la coupe mondiale, l'effervescence est au rendez-vous.
Et où qu'elle soit, elle ne résoudra pas les problèmes de ce monde. Néanmoins, je reste persuadé que la société du divertissement se manifeste ici par cet évènement colossal qui n'a pourtant pas d'avantages sur le plan social, économique ou environnemental. Alors que nous sommes dans ce que l'on peut appeler une crise systémique, on peine à croire qu'on se réjouit ce soir à faire péter les claxons. Ce soir, nous applaudissons des Diables, demain, c'est la limite du politique dans une société au bord du précipice qui nous fera moins sourire.

Merlin

Sources :

[1] Non, ce n'est pas démago de lier les deux. Bien sûr nous ne sommes pas la seule équipe à s'y rendre et bien sûr, sans le coupe du monde, le Brésil ne serait pas exempt de problèmes. Il est cependant honteux de dépenser une fortune pour des jeux au lieu de mettre cet argent dans l'accès à un logement décent. - Nous pourrions imaginer une coupe du monde plus raisonnable, en limitant les déplacements de nos joueurs (dépense des énergies fossiles) et de manière plus locale. - La problématique au Brésil a commencé maintenant il y a un an >> Voir cet article - Pourtant, la décision (heureusement fortement critiquée) de réaliser la prochaine coupe du monde au Qatar, démontre bel et bien l'aberration du monde foot-balistique dont je fais mention et de la démesure dans laquelle nous sommes entré - 

[2] Il s'agit d'une expression de la Rome antique qui consistait à dénoncer l'organisation des jeux et la distribution des pains pour attendrir le peuple en contradiction avec la suppression de certaines de leurs libertés. Une citation de Juvenal (du latin Panem et circenses) et en parfaite cohérence avec le contexte actuel à mon sens.

[3] Selon cet article plus détaillé, sur une analyse du résultat des différentes idéologies

[4] Quand on regarde bien, nos ordinateurs en plus de tuer l'emploi (scan dans les grandes surfaces aujourd'hui, demain, les robots), déforment nos voix électorales (imaginez une panne lorsque toutes les communes seront équipées) - où un professionnel (car il s'agit bien d'un professionnel), tue de sang-froid des personnes en plein centre de Bruxelles (Où un bénévole fut l'une des 4 victimes) - et où les discours populistes grignotent peu à peu ce qui nous reste de démocratie.

[Photo]
Rappelez-vous, la manifestation contre la crise politique belge : shame. Vous pensiez que c'était des supporters n'est-ce pas ?!
Photo prise par Simon Blackley

Publicité
Publicité
Commentaires
Newsletter
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 142
Publicité